Francis A. Fogue Kuate

Attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux USA : La thèse de l’ennemi de l’intérieur peut-elle être envisagée ?

Par

Francis Fogue Kuate

Chercheur assistant au Coredec

farfogue@yahoo.fr

 

Réagissant à un article publié sur mon blog, l'un de mes lecteurs a sollicité mon point de vue sur la possible responsabilité des Américains dans les attentats du 11 septembre 2001. Le bref  développement qui suit vient en réponse à cette sollicitation.

 

D'entrée de jeu, il serait important de recadrer les choses en précisant qu'il n'est pas question de la responsabilité des Américains dans ces attentats, mais plutôt, celle du gouvernement américain et plus spécifiquement, le gouvernement Bush. Parler en termes d'Américains c'est faire allusion au peuple américain dans son ensemble. Et il serait, selon moi, exagéré voire méphistophélique de tenir le peuple américain pour responsable d'une série d'attentats qui avaient pour objectif de le décimer. Comment penser que le peuple américain ait voulu se décimer ? Il ne s'agit donc pas de la responsabilité des Américains, mais plutôt celle du gouvernement américain et plus spécifiquement, celle du gouvernement Bush.

L'objectif de cette réflexion est d'identifier des éléments et des grilles de lectures pouvant permettre d'objectiver la complicité du gouvernement Bush dans les attentats du 11 septembre 2001. L'hypothèse qui l'aiguillonne est que le président Bush ; pour ne pas dire son administration, a joué, volontairement ou involontairement, une partition dans ces attentats dont il a tiré de grands bénéfices politiques et géostratégiques. Et pour expérimenter cette hypothèse il serait intéressant de l'analyser en utilisant comme réactif, le contexte historique dans lequel ces attentas ont été perpétrés. Il s'agit par cette démarche, de respecter une loi chère à l'analyse historienne et qui consiste à analyser les faits en tenant compte du contexte dans lequel ils se sont opérés.

 Ainsi donc cette réflexion procède par la formulation de quelques questions auxquelles elle essaie de répondre. Dans quel contexte les attentats du 11 septembre 2001 interviennent-ils ? Quelle est l'état de santé politique de Bush au moment de ces attentats ? Et à qui ces attentas ont-ils profité ?

Les  attentats du 11 septembre 2001 interviennent dans un contexte politique particulier et défavorable au président Bush. L'administration Bush est en perte de vitesse. Elle affiche un profil bas. Le président G.W. Bush est très vite devenu impopulaire aux yeux des Américains un an seulement après son investiture à la tête du pays dans des conditions particulières. On se souvient que son élection a été « entachée de fraude notamment en Floride, où des mesures ont exclu du vote plusieurs dizaine de milliers de citoyens majoritairement afro-américains » (Houtart & Amin, 2002, p. 167) . Dans ces circonstances sa santé politique était fragilisée alors qu'il ambitionnait de briguer un second mandat en 2004.

Pour faire court, G.W. Bush avait besoin à la fois de se refaire une santé politique tout en se donnant les moyens de terminer la guerre que son père avait entreprise en Irak au début des années 1990 (la première Guerre du Golf) d'autant plus que cette guerre ne bénéficiait pas au peuple américain ; mais plutôt aux grand lobbies pétroliers auxquels Bush père et fils sont affiliés (Hatfield, 2004). Voilà donc le contexte dans lequel les attentats sont perpétrés. On a un establishment qui est en perte précoce de vitesse et qui entend absolument sauver la face. Et que fallait-il faire pour sauver la face ? Il fallait poser un acte d'envergure susceptible de marquer les consciences et surtout de rallier le peuple américain à son gouvernement pour un mouvement de riposte à un ennemi commun mais surtout étranger. Et ce n'est pas la première fois qu'une telle situation se présente dans l'histoire des USA. Souvenons-nous de l'opération Northwoods élaborée par l'armée américaine en 1962[i]. Il s'agissait d'un projet de guerre visant, pour l'armée américaine, à perpétrer des attentats terroristes sur le sol américain et en attribuer la responsabilité à Cuba. L'idée était de justifier aux yeux du peuple américain, une guerre contre Cuba et obtenir le soutien des puissances alliées dans ladite guerre.[ii] La finalité de ce simulacre était de justifier une guerre contre Cuba.[iii] Pour ainsi dire, l'opération Northwoods est un argument supplémentaire qui conforte la thèse de « l'ennemi intérieur » en parlant des attentats du 11 septembre 2001. Il est par ailleurs indiqué sur le site de l'Association francophone d'information sur le 11 septembre 2001, qu'une partie de l'opinion américaine pense que les « attentats du 11 septembre 2001 auraient pu être organisés par le gouvernement américain lui-même, afin de pouvoir justifier ses opérations militaires depuis 2001 et faire voter des lois liberticides au nom de la lutte anti-terroriste. »[iv]

Plusieurs faits permettent d'entrevoir cette responsabilité, pour ne pas dire la connivence de l'administration Bush dans ces attentats. Peuvent être cités comme exemples les tractations qui ont eu lieu entre la CIA, le gouvernement américain et Ben Laden et les islamistes au sujet l'exploitation pétrolière en Afghanistan. Le gouvernement américain avait songé à la mise en branle d'une intervention militaire dans l'optique de "stabiliser" l'Afghanistan et y faire passer un oléoduc, afin d'acheminer vers la côte pakistanaise les réserves de pétrole des anciennes républiques soviétiques du Khazakstan et du Turkmenista (Brisard & Dasquié, 2001). Dans sa livraison du 31 octobre 2002 ; le journal le Figaro publiait l'information selon laquelle, pendant son hospitalisation à l'hôpital américain de Dubaï entre le 4 et le 14 juillet 2001,  Ben Laden était en contact avec un agent de la CIA.[v] Cette information avait d'ailleurs été relayée sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) ; sans oublier que la famille Bush et la famille Ben Laden entretiennent des liens particuliers. Il s'agit là de quelques faits, parmi tant d'autres, qui parlent d'eux-mêmes. A travers les attentats du 11 septembre 2001, l'administration Bush s'est inscrite dans une logique de Realpolitik qui voudrait que seule la fin justifie les moyens.  C'est à ce niveau qu'entre en jeu la question de savoir à qui ont bénéficié les  attentats du 11 septembre 2001.

Sur ce point, il ne fait l'ombre d'aucun doute que c'est l'administration Bush qui a tirer les dividendes de ces attentats plus que quiconque. C'est grâce à ces attentats que Bush a regagné l'estime du peuple américain vindicatif. Les Américains ; plongés dans l'angoisse, avaient besoin d'essuyer cet affront. Il leur fallait aller en guerre contre leur ennemi. Ils avaient besoin pour cela, d'un chef, d'un leader, d'un faiseur de guerre.  Et le président Bush avait le profil de l'emploi. C'est donc ainsi que Bush engage sa guerre contre le terrorisme. Il attaque l'Afghanistan, prétextant rechercher Ben Laden et après avoir faussement accusé Saddam Hussein de détention  d'armes de destruction massive, il s'en prend à l'Irak dans une logique de guerre préventive. En occupant l'Irak, il occupe en même temps ses gisements de pétrole. Et l'occupation géostratégique de l'Afghanistan lui permet de mieux contrôler la Grande Russie qui se trouve à quelques jets de pierre et sans oublier le potentiel minier de l'Afghanistan qui est riche en fer, en lithium, en cuivre et en or.[vi]

Cette réflexion assez succincte, permet donc d'envisager la responsabilité de l'administration Bush dans les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Elle se referme sur deux questions qui permettront à chacun de tirer ses propres conclusions.

En partant du principe que les USA possèdent les systèmes de sécurité les plus sophistiqués et les services de renseignements les plus puissants au monde,  la première question vise à savoir s'il est réellement possible de penser qu'Al Qaeda ait pu passer au travers de ce système de sécurité et détourner des avions de ligne sans l'aide des services secrets américains ?

La deuxième question qui part du même principe, consiste à savoir s'il est du domaine du réel qu'après neuf années de recherche, les Etats-Unis ne parviennent toujours pas à repérer Usama Ben Laden à la surface du globe terrestre ?



[i] Lire J. Elliston, 1999, Psy War on Cuba, The declassified History of US Anti-Castro Propaganda, Ocean press.

[ii] Cette opération avait été pensée dans un contexte de Guerre froide.

[iii]L'opération Northwoods  fut désapprouvée par l'exécutif américain conduit par Kennedy et ne fut donc pas mise en œuvre.

[vi] « L'Afghanistan assis sur un trésor », http://www.lejdd.fr/International/Asie/Actualite/L-Afghanistan-assis-sur-un-tresor-200208/

  

Bibliographie

Brisard, J.-C., & Dasquié, G. (2001). Ben Laden: La vérité interdite. Paris: Denoel.

Hatfield, J. H. (2004). Le cartel Bush ou L'itinéraire d'un fils privilégié: comment fabrique-t-on un président des Etats-Unis. Ed. Timéli.

Houtart, F., & Amin, S. (2002). Mondialisation des Résistances. L'Etat des luttes 2002. Paris: L'harmattan.

 

 



09/11/2010
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