Francis A. Fogue Kuate

Codesria: Symposium sur le genre 2010

Symposium sur le genre 2010 : Migration et développement socioéconomique en Afrique, 24-26 novembre 2010, Le Caire, (Égypte)

Date limite : 15 septembre 2010

En conformité avec son mandat de promouvoir un débat scientifique et académique de haut niveau sur les différents aspects du développent socioéconomique de l’Afrique, le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) organise un symposium sur le genre du 24 au 26 novembre 2010 au Caire (Égypte). Le symposium sur le genre est un forum annuel qui traite des questions de genre, et l’édition 2010 se focalisera sur le thème Genre, migration et développement socioéconomique en Afrique.

Depuis maintenant plus d’une décennie, le Conseil s’investit pour promouvoir la prise en compte de la dimension genre dans toutes les études menées par ses groupes de recherche sur différents aspects du développement socio-économique du continent. Or, la migration est devenue une composante importante du processus de développement de l’Afrique. Les migrants contribuent de manière substantielle au produit national brut à travers leurs transferts monétaires qui dépassent pour certains pays l’aide publique au développement ; ils influencent aussi les destinées de leurs pays sous plusieurs formes. Par ailleurs, dans le contexte de mondialisation, la migration et le développement sont devenus des processus interdépendants. L’un ne va pas sans l’autre en dépit des politiques mises en œuvre dans les pays d’accueil pour contrôler les flux migratoires. Cependant, l’intégration de la migration dans la planification du développement de beaucoup de pays continue à faire défaut. D’où l’importance d’étudier la migration en étroite relation avec le processus de développement, et d’en dévoiler les différentes dimensions.

Comprendre la dimension genre dans les processus de migration et de développement est un exercice à la fois indispensable et urgent. En effet, bien que le phénomène de la migration soit aussi ancien que le monde, et que les études académiques sur ce phénomène ne datent pas d’aujourd’hui, ce n’est qu’à partir du milieu des années quatre-vingt que les chercheurs se sont engagés dans une approche plus systémique qui prend en considération la dimension genre. Au cours de cette décennie, les migrations féminines ont connu une augmentation considérable au niveau international, attirant ainsi l’attention non seulement des chercheurs mais aussi des organisations internationales. Selon les statistiques des Nations Unies, en 2005, 49,6% des migrants internationaux, soit 94,5 millions de migrants, étaient des femmes. A quelques exceptions près (Afrique et Asie), les femmes migrantes seraient majoritaires par rapport aux migrants. Une demande accrue de main d’œuvre féminine dans les pays du Nord, des transformations socio-économiques rapides et radicales dans les pays en développement, la persistance et/ou la recrudescence des conflits dans certaines régions du globe, particulièrement en Afrique, sont autant de facteurs qui ont contribué à cet essor.

De ce fait, les études et les débats sur la relation entre genre et migration se multiplient également. Mais les nombreuses et complexes relations entre ces deux termes continuent de susciter des interrogations et des inquiétudes chez les chercheurs, les universitaires, les organisations de la société civile, notamment celles de défense des droits humains, et chez les politiques. La représentation que ces organisations se font de la notion genre et migration est longtemps restée prisonnière d’une approche qui voit la femme migrante comme une « invisible », « passive », « ignorante » et/victime « improductive » qui ne contribue pas au développement des économies ni du pays d’accueil, ni du pays d’origine, indépendamment de son niveau d’instruction. La perspective a commencé à changer avec l’augmentation du nombre d’études scientifiques sur la place et le rôle des diasporas féminines dans les économies d’origines et d’accueil. Le symposium doit pour cela dépasser cette approche qui ne voit la femme migrante que sous ce prisme de victime, d’une personne mal ou non intégrée au marché du travail ou qui subit différentes formes de discrimination, dont la violation sexuelle est la plus grave. Le symposium doit s’intéresser à des nouvelles dynamiques causées par le fait que le statut et le profil de l’émigration féminine a changé. L’opportunité doit aussi être saisie de porter un regard critique sur les théories et approches classiques qui ont permis de rendre compte de la migration, sur leurs limites objectives, sur l’incorporation progressive des rapports de genre et du féminisme dans la saisie de la complexité du phénomène de la migration.

Si les études sur le rapport entre genre ou plutôt femmes et migration se sont multipliées, celles démontrant les liens entre genre, migration et développement sont plus rares et accusent des limites. Elles se concentrent davantage sur la « féminisation des migrations », entendue comme l’augmentation numérique (quantitative) des femmes migrantes, mais aussi comme changement d’approches analytiques du phénomène migratoire par le biais de l’inclusion de la dimension genre, et/ou encore comme transformation du profil de la femme migrante. Or ce symposium veut s’intéresser à ce rapport combien complexe unissant les trois aspects, le concept de développement devant être appréhendé dans toute sa complexité et dans ses multiples dimensions. Dans le cas de la migration, le concept de développement devrait prendre en compte la contribution des femmes migrantes à la création de richesses, pour le développement socioéconomique du pays d’accueil et/d’origine. Mais il devrait aussi signifier l’épanouissement de la femme migrante en tant qu’être social, un processus dynamique qui se traduit par la croissance, l’avancement, la responsabilisation et le progrès, et qui vise à multiplier les capacités et les possibilités de choix s’offrant à l’individu et à créer un environnement où les citoyens peuvent vivre dans la dignité et l’égalité. Selon les experts, la question des conséquences macro économiques de l’immigration reste ouverte tant il est difficile de trouver les données statistiques pertinentes qui permettraient de développer des modèles démo économiques performants. Néanmoins, des certitudes peuvent être établies sur le fait que le développement transcende les frontières territoriales des Etats, et que le processus qu’il entraine doit faire progresser la productivité et la créativité, et faire multiplier les choix et les possibilités qui s’offrent aux générations présentes et futures. Ce à quoi la migration contribue.

Certaines études réalisées il y a quelques années ont démontré qu’en ce qui concerne l’emploi, les situations sont encore très inégalitaires entre les hommes migrants et les femmes migrantes d’âge actif. Le taux de chômage des femmes migrantes, quoiqu’en régression, serait généralement plus élevé que celui des hommes migrants. Et l’on semble évoluer vers une situation où la migration augmente l’autonomie et le pouvoir économique et social des femmes.

Le rapport entre genre, migration et développement peut aussi être regardé sous l’angle de l’empowerment des femmes. Quelques travaux dans le domaine s’interrogent si la migration féminine est un espace de renforcement du pouvoir de la femme ou plutôt un espace de domination. La complexité des migrations internationales contemporaines est telle que la réponse n’est pas simple. Ces migrations ont en effet un caractère ambivalent, et peuvent être un espace de renforcement du pouvoir des femmes, tout comme elles peuvent aussi être un espace de violation des droits fondamentaux des femmes impliquées. Quoi qu’il en soit, des recherches menées ces derniers temps doivent nous inciter à changer la perception que nous nous faisons des femmes émigrées de la première génération, à savoir des êtres dépendants, des porteuses de voiles, des victimes de la polygamie et d’abus sexuel, du mariage forcé, etc. La perception jusqu’ici prédominante, et qu’il faut dépasser, ignore que le profil de femmes migrées a évolué et que la migration féminine a embrassé un certain nombre de caractéristiques, qui varient en fonction des générations, de pays d’origine et de durée de séjour dans les pays d’accueil.

Comprendre la dimension genre de la migration implique aussi de s’intéresser aux rapports de pouvoir établis au sein des différentes catégories de migrants, entre migrants de couches sociales plus riches et ceux originaires des couches sociales plus défavorisées. Le rapport entre genre, migration et développement est exprimé aussi par le fait que la « féminisation de la migration » est observable surtout dans les pays plus avancés économiquement et que, pour ce qui concerne la destination, cette migration est plutôt dirigée vers les pays plus nantis. Autant dire que des questions de promotion sociale entre générations de migrants, d’autonomie, de parité, d’émancipation seront au cœur du débat.

Les participants au symposium sur le genre 2010 du CODESRIA sont invités à prendre en compte les différentes dimensions de la problématique du genre, migration et développement en essayant de répondre aux questions suivantes : Comment la division sexuée du marché du travail est-elle modifiée par l’arrivée des femmes, mais aussi des travailleurs d’autres nationalités ? Comment les émigrés affectent-ils les structures des services ? Quelle est la relation entre les femmes autochtones et ces nouvelles arrivées par rapport à la problématique du changement des « rôles féminins » ? Et bien d’autres questions esquissées ci-dessus.

D’autres contributions sont attendues abordant des sous-thèmes mentionnés ci-dessous ou d’autres identifiés par les chercheurs :

- Migration, genre et développement : théories et approches 
- La féminisation des migrations africaines 
- Migrations féminines, rôles sexospécifiques et égalité des sexes 
- Femmes et migrations forcées 
- Les migrantes africaines et les transferts monétaires 
- Migration féminine et trafic d’êtres humains 
- Migration et reconfiguration du marché de travail 
- Migration et empowerment des femmes africaines 
- Migration, genre, culture et religion 
- Migration féminine et droits humains 
- Femme, migration et protection sociale 
- Genre, migration et intégration sociale 
- Migration, genre et citoyenneté 
- Les diasporas féminines, et rapport aux pays d’origines et aux pays d’accueil 
- L’impact de l’émigration des hommes sur les femmes 
- Les femmes migrantes et l’espace public des pays d’origine et d’accueil 
- Les réseaux d’organisations des femmes migrantes

Le symposium se tiendra du 24 au 26 novembre 2010 au Caire (Égypte). Tous ceux qui sont intéressés sont invités à envoyer un résumé de leur contribution au plus tard le 15 septembre 2010. Si ce dernier est accepté pour présentation, la contribution qui en découlera devra parvenir au CODESRIA au plus tard le 18 octobre 2010 pour évaluation avant une confirmation de la sélection définitive par le CODESRIA.

Pour plus d’informations sur le symposium sur le genre 2010 ou pour participer, contactez le programme à l’adresse suivante :

Symposium sur le genre 2010, 
CODESRIA, BP 3304, CP 18524 Dakar, Sénégal. 
Tel : +221 – 33 825 9822/23 
Fax :+221- 33 824 1289 
E-mail : gender.symposium[@]codesria.sn 
Site Web : http://www.codesria.org

 

Source: http://www.codesria.org/spip.php?article976&lang=fr



23/08/2010
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