Francis A. Fogue Kuate

Et si la politique internationale basculait à nouveau dans un système bipolaire?


Par

Francis A Fogué Kuaté

Chercheur assistant au COREDEC

farfogue@yahoo.fr

 

La récente accusation portée par les USA contre la Russie accusée d'espionnage rendrait d'aucuns nostalgiques de la période dite de la Guerre froide au ours de laquelle le KGB et la CIA rivalisaient d'adresse dans les techniques et les stratégies d'espionnage et de veille politioco-militaro stratégique. Dans le même sillage, elle amène à espérer que les USA ne tiendront plus tout seul, pendant bien longtemps, les ficelles de la politique internationale. 
L'annonce d'activités d'espionnage menées par la Russie contre les USA a surement dû surprendre plus d'un. Cette surprise est d'ailleurs légitime et justifiée quand on tient compte du fait que Medvedev et Obama ont échangé des poignées de mains plutôt très chaleureuses et sympathiques il y a quelques jours à Ottawa à l'occasion de la réunion du G8. Mais la réalité et là. Comme toujours; il a fallu jouer la carte de la diplomatie en faisant bonne figure devant les objectifs des cameras alors que ces poignées de mains cachent en réalité un malaise et une opposition souterraines. Les Américains auraient récemment infiltré et démantelé un réseau d'espionnage russe. Tan-pis pour ceux qui n'avaient pas vendu cher la peau du KGB (comité pour la sécurité de l'État Russe) après la chute du mur de Berlin et la "déchéance de l'URSS" et donc du Bloc communiste. Au fait, de quelle déchéance parlons-nous quand on sait que Phyongyang (Corée du nord), Pékin (Chine) Caracas (Vénézuela), La Havane (Cuba) et Téhéran (Iran) continuent d'appliquer le modèle communiste tout en donnant des sueurs froides à ce qui fut alors appelé le bloc capitaliste avec les USA pour tête de proue.
Nos chers USA. Gendarmes du monde; Etat idéal qui donne l'impression d'avoir toujours été un Etat gentil -et non voyou- une puissance bienfaitrice sachant s'éloigner des préceptes de l'axe du mal. Un pays modèle qui voudrait servir d'exemple. Un pays qui tout récemment et contre toute attente s'est donné un président noir avec une forte capacité de cristallisation mais dont la marge de manœuvre et la latitude d'action sont soigneusement contrôlées et guidées par des lobbies et des groupes obscurs qui opèrent cependant sur le champ du réel et du visible à travers des institutions consacrées telles que le Sénat. Le feuilleton épisodiques de la réforme du système de santé est une illustration parfaite de ce que Obama n'a pas vraiment ses coudées franches dans l'administration américaine. Naïf qui avait pensé que cela aurait pu être le contraire.

C'est donc cette Amérique au bon coeur qui n'a pas jugé bon de voter en faveur de l'envoie des casques blues au Rwanda pendant le génocide rwandais de 1994. Cette Amérique toujours victime et jamais coupable, qui a su développer des stratégies pour s'accaparer de l'Afghanistan au prix du sang; qui a eu l'amabilité et la bonté d'inventer une guerre pour détruire l'Irak. Cette Amérique dont les services secrets très puissants viennent de démanteler un réseau d'espionnage russe et qui veut faire croire aux yeux du monde qu'elle n'était pas informée du projet d'assassinat du président Kennedy en 1963 et celui de Martin Luther King 5 ans plus tard tout comme elle a voulu nous convaincre qu'elle ignorait tout des attentats du 11 septembre 2001 et qu'elle ignore où se trouve Ben Laden. Cette Amérique qui en ce 21 ème siècle est le seul pays a entretenir des situations de guerres armées dans le monde. Cette Amérique qui sème la terreur à tout vent au point de se terroriser elle-même. C'est cette Amérique qui nous apprend aujourd'hui qu'elle est victime d'espionnage. Vrai ou faux? Je doute qu'on en sache véritablement quelque chose. Toujours est-il que s'il est vrai que la Russie manœuvre en vue de s'attaquer au système américain, ce qui peut être domaine du réel au regard du soutien de la Russie à l'Iran sur la question du nucléaire, c'est l'orientation de la politique et le diplomatie internationales qui seront revisitées.

Le système uni-polaire dans lequel cette politique et cette diplomatie s'élaborent depuis 1989 et qui, pour rejoindre Francis Fukuyama, n'est pas du tout favorable à une dynamique positive et efficiente du monde en ce sens qu'elle marque ce qu'il appelle la "fin de l'histoire", pourra, nous l'espérons, s'estomper au profit d'un environnement politique international dans lequel un seul pays, aussi puissant soit-il, ne devra pas et ne pourra d'ailleurs pas imposer sa vision à toute la communauté internationale. L'émergence d'un contre poids au potentat américain semble donc être l'option salvatrice pour un fonctionnement un peu plus équitable, voire harmonieux, des relations entre Etats. Dans le même sillage, c'est la gestion des intérêts respectifs de chaque Etat qui trouvera une garantie à travers cette nouvelle donne. 

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29/06/2010
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